Potosi - Tous à la mine !

Quand on arrive à Potosi, le sujet qui hante les auberges de jeunesse, c'est le Cerro Rico, une vallée minière trouée comme un gruyère encore largement exploitée à ce jour pour les gisements d'argent, zinc étain...et la question qui se pose est : "Et vous, vous allez visiter les mines ?".
"L'expérience la plus marquante de la région" parait-il.
Après quelques questionnements sur la dimension éthique de l'affaire (le coup des touristes qui viennent regarder les boliviens travailler, est-ce bien raisonnable ? ), nous partons pour l'une des nombreux sites de la vallée.
Sur le chemin on fait une halte rapide dans une échoppe pour acheter de quoi aider les mineurs ( ça fait partie du "Pack Bonne Conscience"). Un choix d'articles peu communs : bâtons de dynamite, feuilles de coca ou Coca tout court, acool à 96° que le guide boit au goulot devant nous "pour l'exemple"...
Puis nous arrivons à la mine arnachés de la tête au pieds. Nous nous retrouvons donc face à l'antre sombre d'où sortent des hommes en peine, nos bouteilles de soda à la main...légere sensation de ridicule...
S'en suivent trois heures dans les dédales de la mine, qui nous remettent correctement les pendules à l'heure sur nos propres conditions de vie.
Nous descendons par des trous de souris à 50 mètres de profondeur, l'air devient plus saturé, la température augmente sensiblement, et alors qu'on peine à avancer, transpirant dans la boue, on croise régulièrement des hommes qui remontent, poussant des chariots d'une demi tonne...
A un jeune homme qui charge des gravats dans une brouette, sans masque et les bras à l'air, on demande :
" T'as quel âge ? "
" 22 ans."
"Et ça fait combien de temps que tu travailles ici ? "
" 4 ans."
Et il se remet au travail...
Le compte est vite fait, le guide enchaine en nous disant qu'en général, on entre ici à 15 ans et l'on en sort à 40 ans atteint de sillicose.
La compensation ? 1700 bolivianos par mois, 170 euros, le double du salaire moyen en Bolivie.
On remonte enfin, longeant les conduits qui apportent l'oxygène vers le fond, recevant quelquefois des éboulis sur le casque. La version touristique n'est en rien édulcorée, c'est Germinal en 2011...
Sur le retour, on s'arrête dire bonjour à Tio, dieu des mineurs, un diable en céramique disposé au fond d'un conduit, auquel nous allumons une cigarette et lançons des feuilles de coca, pour la postérité.
Fin de l'éxpérience. Une demi journée qui a semblé une semaine...
Pour être honnête, les larmes nous sont montées au yeux plus d'une fois et on a jamais été aussi heureux de revoir le soleil, mais on ne regrette pas.

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