San Juan Chamula

Le temps d'une journée, nous partons pour le village indien de San Juan Chamula qui, outre ses échoppes colorées et un prétendu marché, à la particularité d'avoir une église syncrétiste, issue du catholiscisme et de rituels indiens.
Après nous être acquittées d'un droit de passage - réservé aux touristes, bien sûr - nous pénétrons dans la chapelle. Ici, ni bancs ni autel. Le sol est recouvert de paille et les familles indiennes entières, tout à  leur recueillement, alignent des bouteilles de Fanta et les volailles vivantes sur le point d'être offertes. Là, parmi les chants d'un vieil homme, les centaines de bougies qui coulent à même le sol et les hommes qui crachent l'alcool bue au goulot en faisant fi de nous, nous restons coîtes.
Nous sortons sous le feu des pétards et faisons face à une étrange procession d'hommes et de femmes, une joute vocale dont on nous dit que c'est une passation de pouvoirs entre les collectivités locales. Là, une sorte de superviseur en fourrure nous passe une consigne stricte : surtout aucune photo.
Les indiens tiennent à leur dignité... Et ils ne rigolent pas.
Alors que - je le confesse- sournoisement, et parce que ce regroupement est époustouflant, je dégaine l'appareil de loin, une horde d'hommes se ruent sur moi et tentent de me le confisquer. Il menacent, s'énervent, je supplie stupidement et n'en mène vraiment pas large. Après m'être confondue en excuses et avoir feint l'ignorance plusieurs minutes, ils s'en retournent vers leurs activités en lançant des regards noirs, les plus jeunes amusés de ma gêne.
Nous rebroussons chemin les jambes flageolantes. On met pas les indiens au défi en terre zapatiste.

Signé : Gwladys, pas fière d'elle sur ce coup là.
 

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